Notre Humanière

Jolie Humanière (Australia)

Il y a les rencontres éphémères, les passagères, les personnes à qui l'on sourie poliment et qu'on ne reverra jamais. Il y a tous ces caissiers avec qui on échange les politesses routinières.

Le piéton qui vous salue pour lui avoir concédé la priorité. Il y a ceux que l'on observe dans le métro discrètement dans le reflet des vitres.

Il y a ceux qui vous aident loin de chez vous en vous montrant la direction du bon bus à prendre. Il y a celui qui prend le temps de partager une cigarette avec vous pour vous apprendre un peu plus sur la vie, ne serait-ce qu'un détail infime. Il y a tellement de prénoms, tellement de visages différents.

Il y a les gens qui vivent les mêmes choses que vous et qui vous comprennent.

Il y a les gens qui ne vivent pas les mêmes choses que vous et qui compatissent.

Il y a des services rendus et des prises de tête.

Des gens bourrés qui ne savent pas qu'ils se parlent, accoudés à une voiture.

Des observateurs discrets dans les rétroviseurs.

Des héros vous dépannant quelques œufs, un briquet ou un bout de dentifrice.

Les boîtes rapprochent les hommes et les femmes, les hommes et les hommes et les femmes et les femmes.

Dans les villes,

Beaucoup ne se parlent pas.

Beaucoup ne se regardent pas.

Certains ne peuvent rien de cela et n'ont pas le choix.

Parfois des gens échangent mais ne s'écoutent pas.

Parfois des gens échangent tellement qu'ils ne s'écoutent plus.

Beaucoup regardent le ciel pour regarder ceux qui ne sont plus là.

Certains sourissent aux inconnus, d'autres s'en méfient. Beaucoup s'entraident sans se connaître.

Il y a ceux qui verseront une larme en apprenant un drame touchant l'autre bout du monde.

Il y a ceux qui riront devant un film vu et revu plus d'une dizaine de fois.

Il y a ceux qui n'aiment pas Noël. D'autres qui n'attendent que cela pendant 364 jours de l'année.

Il y a ceux qui ont peur du noir mais qui n'osent pas le dire.

Il y a des gens qui partent affronter d'autres gens pour d'autres gens.

Il y a ceux qui passent leur vie entière à s'occuper des autres en s'oubliant parfois eux-même.

Celui là a besoin d'être seul. Celle-ci doit être auprès de sa famille.

Et moi je me plais à regarder notre petite fourmilière. Notre belle « Humanière ». Je me plais à jouer ma petite commère dans ma propre tête en observant ce que moi-même j'observe. Je raconte les meilleurs ragots à mon esprit qui rigole souvent de mon impertinence.

Il y a celui qui écrit en souriant tout seul.