Faded Eyes

Comme cette feuille s’effaçant petit à petit entre deux saisons, elle va et vient au-devant de mon chevet, reste le temps d’un rêve, puis s’évanouit comme pour réapparaître lors d’un autre siècle.

Les jours se ressemblent et n’ont plus d’odeur. L’automne s’estompe tandis que les sourires s’efforcent de revenir, se confrontant aux vents, luttant face aux amorces des vagues qui s’oublient dans l’œil du prochain ouragan.

Quelle est la place d’un battement de cœur au creux d’une vie ?

Peut-on seulement évincer l’encre une fois la page remplie ?

Quelle idée de vivre loin de sa source ?

Pourquoi l’or ne luit-il qu’une fois hors de sa taverne ?

Ses yeux disparaissent de mes inspirations et pourtant renaissent comme une nouvelle expiration. Ses pupilles au fond des miennes, ses soupirs dans mes veines, sa voix en écho là où j’étais sien.

Je ne suis plus complet, je suis comme à côté de moi-même. Un marionnettiste admiré par un miroir. Un cercle de hasards ne se concentrant que pour mieux se divertir.

Dire des mots n’a plus la même saveur.

Chanter devient un souvenir pour mieux revenir.

Si elle réchauffait mon sang deviendrais-je vivant comme auparavant?

Envie de voir son œil redonner une vue à mon avenir. Revoir ses rires pour lire la beauté du monde et danser à nouveau le twist des belles humeurs a cappella.

L’envol des possibilités restent des plus vertigineux face aux cascades d’idées bienveillantes. Encore faut-il rester les pieds sur terre.

Alors je ramasse délicatement cette douce feuille rouge de sa saison et la range soigneusement dans mon tissu à fleur de peau, comme les herbiers de ma jeunesse. Nostalgie d’une lueur. Un papillon bleuâtre se pose alors sur mes souvenirs et retourne se confondre avec le vert à venir. Je ne sais plus si c’est moi ou le monde qui change. Les battements m’épatent mais m’angoissent. Je veux retrouver l’océan vert, me baigner dans son eau avant qu’il ne se referme à jamais et ne m’aspire dans ses mélancolies.